Galerie du Consulat Général d’Argentine, New York

Du nid d’un moineau

15 octobre 2006 - 30 octobre 2006

Le titre, "Depuis le nid d’un moineau", rend hommage à la fameuse chanson argentine "Ballade pour un fou" et à ses auteurs, le poète Horacio Ferrer et le compositeur Astor Piazzola. Il est extrait d’un vers de la chanson qui dit : "...je regarde Buenos Aires depuis le nid d’un moineau... ".

Ce regard "d’en haut" est au cœur de la série des paysages urbains d’Adrian Doura. Le peintre emploie ici des principes de composition chers aux "Lumières" : la perspective cavalière et la vue d’oiseaux. Il s’agit, pour le premier principe, de la vue qu’on aurait d’un cheval : une vision "haute" et "frontale". Pour le second principe, l’observateur est supposé placé encore plus haut, au dessus des objets, comme un oiseau en survol. Le terme désigne ainsi des vues de villes cartographiées en élévation, notamment aux Pays Bas.

Pour cette série de peintures, Doura se place également dans la lignée de la veduta ideata de la Renaissance, courant artistique déjà exploré par Giotto dans ses fresques. Le vénitien Canaletto, célèbre pour ses panoramas de Venise, est un représentant majeur de ce courant au XVIIIème siècle. Face à un paysage, le vénitien n’hésitait pas à modifier les perspectives, élargissant le champ de vision, supprimant certains bâtiments, repoussant les fonds et élevant le point de vue comme s’il venait d’un balcon très haut, placé en face. Ainsi, ses toiles ne montrent pas fidèlement le réel mais plutôt une "vue idéale".

Doura se place dans la continuité de ce courant, puisqu’il "compose" son propre paysage à partir de nombreuses photographies de Buenos Aires, prises depuis les terrasses des gratte-ciel, et qu’il agence à travers le dessin. En travaillant ainsi sur ces vues, Doura est parvenu à une distorsion de la perspective, associant sur une même toile l’horizon _qui peut s’ouvrir en un panorama à 180 degrés_ et un premier plan quasi-vertical. C’est "le point de vue d’un moineau".

Outre la vertigineuse beauté des vues choisies, cette série témoigne d’une réflexion du peintre sur la résolution des problèmes spatiaux posés par un site. Cette réflexion sur l’espace inclut, chez Doura, l’étape de l’exposition des toiles : l’"installation". L’ensemble de la série s’intègre parfaitement à la salle de bibliothèque du consulat d’Argentine de New York (pour laquelle les tableaux ont été conçus). Chaque format de peinture s’ajuste exactement aux moulures des boiseries. Les toiles sont accrochées de manière à ce que l’horizon ou "skyline" (ligne de contact des immeubles avec le ciel) parcoure le tour des quatre murs à la même hauteur (sauf pour le tableau placé sur la cheminé). Aussi, lorsque le spectateur pénètre dans la salle, il est immédiatement entouré par les vues ouvertes sur la ville, avec la sensation de "flotter" au milieu d’un paysage urbain panoramique.

Comme un clin d’œil du peintre au lieu d’exposition, les visiteurs les plus avertis reconnaîtront, au centre du tableau intitulé "la Rural 1" (accroché à gauche de la cheminée), le consulat des États Unis à Buenos Aires !

Adrian Doura
Florence Mottot

Skyline

Une création de Jean-Christophe Tarot
Septembre 2006

Work in progress

Réalisé par Jean-Christophe Tarot
Septembre 2006

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